La peinture de nu. Le
dessin de nu. Dessin
nu.Le nu en dessin. L'art du
nu. Le nu en peinture. Tableau de nu.L'art
du nu.le
nu en tableau. Le nu dans l'art. Draw nude. Female nude, nu
féminin, femme nue, pierre noire, dessin de nu, nu artistique.
Atelier à Paris, artiste,
L'érotisme (du grec ἔρως, érôs : « le désir amoureux ») désigne
l'ensemble des phénomènes qui éveillent le désir sexuel, et les
diverses représentations, en particulier culturelles et artistiques,
qui expriment ou suscitent cette affection des sens. L'érotisme peut
aussi désigner, par extension, la nature de la relation qui s'instaure
entre des individus suite à cette attirance.
L'érotisme, et l'adjectif « érotique », caractérisent tout ce qui, à
partir d'une représentation liée à la sexualité, suscite une excitation
émotionnelle et sensuelle, indissociablement physique et mentale. En ce
sens, l'érotisme se différencie de la sexualité, car il ne renvoie pas
à l'acte sexuel lui-même, mais plutôt à tout ce qui provoque le désir
sexuel, et à toutes les projections mentales que celui-ci évoque, en
particulier les fantasmes. L'érotisme se distingue aussi de l'amour
(qui est un sentiment), dans la mesure où l'affection érotique est
issue en partie du corps et des pulsions sexuelles, contrairement à
certaines formes d'amour qui font abstraction du corps (amour filial,
amour platonique, etc.).
L'érotisme vient d'un jugement esthétique, conscient ou non, lié à
l'attrait sexuel. En ce sens, il a fourni beaucoup de matière aux
représentations artistiques. Dans l'art, l'érotisme est en effet une
catégorie ou un genre qualifiant certaines représentations suggestives,
de personnes (en particulier le nu, en peinture ou en photographie) ou
de scènes (dans la littérature ou le cinéma).
Jouant généralement sur l'imagination, l'implicite ou la suggestion, il
s'oppose à des représentations plus crues ou plus explicites de la
sexualité, qu'on range dans le domaine de la pornographie. Du point de
vue moral, il ne fait donc pas l'objet de condamnations aussi sévères
que cette dernière, souvent qualifiée d'obscène ou d'indécente ; mais,
comme la morale varie selon la culture et l'époque, certaines
représentations jadis jugées obscènes ou sulfureuses sont aujourd'hui
conçues comme simplement érotiques, c'est-à-dire suscitant le désir[1].
Érotisme et imagination
L'érotisme est souvent lié à la stimulation de l'imagination provoquée
par la vue d'une autre personne. C'est ainsi que, souvent, quelqu'un
trouvera séduisante, ou érotique, une personne dont les habits sont
courts, laissant voir une partie considérable de la peau du corps, ou
bien encore dont le vêtement baille (comme l'écrit Roland Barthes dans
la citation ci-dessous[réf. nécessaire]), voire encore une personne
vêtue d'un vêtement moulant. L'érotisme provient dans ce cas de la
stimulation de l'imagination, tout n'étant pas dévoilé à la vue : non
seulement le désir de voir ce qui n'est pas montré est ainsi excité,
mais de plus l'imagination magnifie ce qui n'est pas visible,
c'est-à-dire le rend potentiellement encore plus beau dans l'esprit de
l'observateur. C'est pour cette raison que beaucoup d'hommes trouvent
qu'une femme en sous-vêtements est beaucoup plus érotique qu'une femme
totalement nue. En effet, le ressort potentiellement « infini »
découlant de l'imagination n'existe plus (ou est sérieusement diminué)
dès lors que tout est exposé à la vue.
De la même manière, l'érotisme est souvent stimulé par l'ambiguïté
d'une attitude, la suggestion, le non-dit, voire la promesse d'une
situation future, car l'imagination et le désir sont également mieux
sollicités dans ces cas, que lorsque tout est déjà gagné ou donné. Cela
peut être utilisé comme un ressort de séduction par de nombreuses
personnes, consciemment ou inconsciemment. C'est dans ce sens qu'il
faut comprendre la citation de Georges Clemenceau : « Le meilleur
moment de l'amour, c'est quand on monte l'escalier », c'est-à-dire :
avant que l'acte charnel soit consommé, quand le désir qui nous fait
tendre vers lui est encore vif, et non pas après la mise en œuvre ou la
satisfaction de cet acte.
Comme cela est très bien expliqué par les auteurs de ce dernier
article[réf. nécessaire], certains vêtements (ou accessoires) peuvent
provoquer chez tout un chacun un fétichisme sexuel, c'est-à-dire une
attirance sexuelle caractérisée par une forte excitation érotique à la
vue de ces vêtements. C'est bien sûr le cas de certains vêtements, mais
c'est aussi le cas d'accessoires, telles que les bottes (bottes
cavalières, cuissardes). Cet érotisme naîtra parfois de la
transgression opérée par la personne qui « ose » ne pas rentrer dans
l'uniformité ambiante en se faisant remarquer par sa tenue
vestimentaire, par son « look ».
Érotisme et pornographie
Olympia, Édouard Manet, 1863.
Cette représentation artistique du nu est jugée érotique (voire pornographique au XIXe siècle).
L'érotisme se différencie de la pornographie en ce que la pornographie
ne définit que ce qui est montré (c'est-à-dire la relation sexuelle
humaine montrée explicitement) tandis que l'érotisme ne définit que ce
qui est ressenti (c'est-à-dire l'excitation sexuelle). La pornographie
n'est donc pas un érotisme plus « corsé ». Elle appartient à un autre
domaine sémantique. Il arrive que la pornographie et l'érotisme se
confondent (la pornographie étant « un moyen » pour atteindre « un but
» : la sensation érotique, l'excitation), comme il arrive qu'ils
n'aient rien à voir. Exemples :
* Érotisme sans pornographie : une attitude, une
posture ou un geste d'une personne qui, bien que vêtue et ne faisant
rien de particulièrement « sexy », provoque chez un observateur une
excitation.
* Pornographie sans érotisme : des films
pornographiques qui laissent le spectateur indifférent (pour beaucoup
de gens, des corps interagissant de façon mécanique, sans rien exprimer
et sans ressenti ne provoquent rien) ou des œuvres artistiques qui
utilisent la pornographie comme un moyen esthétique (voir certains
travaux de H.R. Giger).
* Pornographie avec érotisme : ces même films
pornographiques, sur un autre public (ou alors réalisés différemment,
avec un certain talent de mise en scène ou d'interprétation par
exemple) peuvent tout à fait créer une excitation sexuelle.
Dans le langage courant cependant, le terme de « pornographie » n'est
souvent perçu que comme une intensification de l'érotisme - voir par
exemple la presse TV et la façon dont elle classe les films : un film «
érotique » ne montre pas les organes sexuels (contrairement à un film «
pornographique ») sans toutefois être forcément « érotique »,
c'est-à-dire apte à provoquer l'excitation chez le spectateur. Il est
aussi parfois vu comme une perversion de l'érotisme, ce dernier étant
jugé plus noble et plus fin car ne montrant pas des parties du corps
supposées obscènes. Cette confusion vient du fait que la plupart des
œuvres pornographiques sont faites avant tout pour provoquer des
sensations érotiques.
Les termes anglais de « soft » et « hard » sont alors utilisés pour
différencier la valeur de ces deux termes que l'on met dans le même
domaine sémantique, l'érotisme étant « soft » et la pornographie « hard
». Comme la distinction entre « soft » et « hard » reste propre à
l'appréciation de chacun, il est clair que l'utilisation dans le
langage courant des termes de « pornographie » et « érotisme » rend
difficile et souvent confuse toute analyse du sujet.
André Breton résumait cette question en une réponse à double sens : « la pornographie c'est l'érotisme des autres ».
Érotisme et finitude
Selon Georges Bataille, il n'y a érotisme que pour un individu fini,
centré sur lui-même, et qui se sent pourtant poussé à se fondre, au
risque de s'y perdre, en une communauté avec autrui, communauté
charnelle, communauté du sentant et du senti, écrit Lévinas pour
décrire la proximité sensible des corps, c'est-à-dire la volupté.
L'érotisme doit beaucoup à la curiosité, ou plutôt la fascination, pour
un corps fait autrement que le nôtre.
Plus profondément, l'érotisme est la promesse de la coïncidence,
pourtant impossible sinon charnellement, entre ces deux mondes que sont
deux personnes distinctes (voir Le Banquet de Platon et le discours
qu'il met dans la bouche d'Aristophane).
Ainsi, l'acte amoureux participe de la profanation. L'érotisme est une
joute, où il s'agit d'amener l'autre à sortir de son retrait, à
s'exposer. La caresse serait selon Sartre une véritable incantation.
Elle invite le partenaire à investir son corps, à être son corps, à
s'offrir, non comme pure chair, mais comme chair habitée par une
personne, une liberté. Mais, note Michel Leiris, « tenir le sacré »
c'est «finalement le détruire en le dépouillant peu à peu de son
caractère d'étrangeté».
Toujours dans Le Banquet de Platon, on voit Socrate expliquer que
l'érotisme vise plus haut que la communauté et la complémentarité des
amants, qu'il fait signe vers le Vrai.
Comme la religion, l'érotisme confronte l'individu à une puissance
créatrice qui le dépasse. Moins peut-être Dieu, ou l'Idée du Beau, que
la vie, la sexualité au sens biologique du terme, la reproduction.
Sacrée, la sexualité est à la fois effrayante et attirante. Selon
Bataille, elle n'est pas tant immorale qu'elle ne suspend la morale
individuelle au nom de la vie et de l'espèce. L'érotisme a ceci de
commun avec la mort qu'il réfute la fermeture sur soi de l'individu,
fermeture à laquelle il doit sa conscience et son moi. La pulsion
sexuelle, liée à la reproduction, dépasse l'horizon de l'instinct de
conservation. L'individu ne se reproduit pas parce qu'il est mortel, il
est mortel afin que la vie puisse se renouveler.
Le libertinage
Schopenhauer était frappé par le contraste entre la légèreté et le
brillant du marivaudage et le sérieux, tout animal selon lui, de l'acte
sexuel. Aussi assimilait-il le jeu érotique à un simple leurre, un
piège tendu par la vie elle-même à l'intelligence et à l'individualité
des amants. Mais on peut, à l'inverse, remarquer que l'érotisme, qui se
soucie peu de la procréation, fait durer le plaisir et le désir quand
la pulsion sexuelle, laissée à elle-même, s'épuise vite.
L'érotisme est ainsi profondément humain. En effet, l'espèce humaine se
singularise en ce qu'elle ne connaît pas l'alternance animale de
l'indifférence sexuelle et du rut. C'est dans cet espace
d'indétermination que se développent aussi bien la police des mœurs que
le libertinage. Le désir n'est plus tant provoqué par la nature que par
l'art de la séduction. Le plaisir s'affranchit de toute légitimation
biologique ou sociale et s'affiche avec toute la gratuité et la
légèreté du jeu. L'érotisme se confond alors avec tout ce que la
culture, l'ingéniosité, ajoutent, ou retranchent, à la sexualité pour
en faire un jeu plaisant et désirable. L'amour lui-même semble alors
trop contraignant et trop sérieux. Dans le Phèdre, Platon fait dire à
l'orateur Lysias qu'il vaut mieux favoriser les entreprises de
séduction de ceux qui ne nous aiment pas, car ils sont bien moins
importuns et inconséquents que les amoureux. L'érotisme sera simplement
une forme de civilisation, comme l'art ou la conversation. Il y a
cependant là une tentative un peu dérisoire pour banaliser le plaisir
érotique, le penser sur le modèle de la jouissance gustative.
L'érotisme n'est-il pas par essence confrontation à un autre corps et à
une autre personne, au mystère d'une autre expérience et d'une autre
conscience ?
Il y a aussi du défi dans le libertinage, comme le montre la figure de
Don Juan. L'individu joue avec le feu, la « corne de taureau » selon
l'expression de Michel Leiris, c'est-à-dire les puissances sacrées de
la sexualité et de la mort, s'en approche au risque de s'y brûler. Il
défie les forces qui menacent son individualité et son indépendance, le
mariage, les maladies, l'amour, et se retrouve finalement lui-même,
inchangé. Le libertinage voisine dangereusement aussi avec le machisme.
Simone de Beauvoir notait en effet que le mâle mammifère se détache de
la femelle au moment même où il la féconde. Ainsi « le mâle au moment
où il dépasse son individualité s'y enferme à nouveau ». Il est vrai
que la contraception et la libéralisation des mœurs permettent
également à la femme cette forme de jeu érotique ou pornographique. Source article