Pendant longtemps on a pensé que le portrait devait être l’exercice de
figuration le plus mimétique, mais l’étude attentive de son histoire a
pour le moins modéré ce jugement. À l’époque classique, le portrait
restait toutefois le genre le plus dépendant du sujet et l’un des plus
codifiés.
Pendant les périodes baroque et rococo, aux dix-septième siècle et
dix-huitième siècle, les portraits prirent une importance croissante.
Dans une société de plus en plus dominée par la bourgeoisie au milieu
de puissantes cours, des représentations d’individus luxueusement vêtus
à côté des symboles de puissance et de richesse temporelle
contribuaient de manière efficace à l’affirmation de leur autorité. Van
Eyck et Rubens excellèrent dans ce genre.
À la même époque, l’intérêt grandissant pour la compréhension des
sentiments humains engendra des artistes soucieux de la physionomie des
émotions. Les impressionnistes tels que Monet, Degas ou Renoir, qui
utilisaient principalement comme modèles leurs famille et amis,
peignaient de petits groupes ou des individus seuls, en plein air ou en
atelier. Caractérisés par leur surface lumineuse et la richesse de
leurs teintes, ces portraits présentent souvent un caractère intimiste,
éloigné du portrait officiel.
Les artistes du début du siècle élargirent les champs d'exploration du
portrait, en le libérant des contraintes de ressemblance visuelle.
Henri Matisse simplifia la ligne et les couleurs pour leur donner toute
leur force expressive. Pablo Picasso réalisa de nombreux portraits,
dont plusieurs portraits cubistes ou le modèle est à peine
reconnaissable. L’art du portrait en peinture déclina au milieu du
siècle, sans doute en raison de l’intérêt croissant pour l’abstraction
et l’art non figuratif. Plus récemment, cependant, le portrait a connu
un renouveau.
Si le portrait est un passionnant objet d’étude, c’est qu’il concentre
en effet la plupart des fonctions de la peinture. Les premiers
autoportraits de l’art occidental sont apparus pendant la Renaissance,
lorsque les artistes peignaient leur propre visage se détachant de la
foule en arrière-plan de scènes narratives. Le genre de l’autoportrait
pris une importance croissante après la période classique.